impulsions #

imPULSions #2 a eu lieu le Vendredi 8 Novembre 2013 à la MJC de Kerfeunteun, à Quimper. Patrick TALOUARN et Hélène SCOAZEC devaient improviser en dessin, ensemble, sur un support de 3m x 1,5m, sans répétition ni arrangement préalable. Didier TALLEC improvisait en musique avec instrument et ordinateur. Robert JOUBIN, qui signait la mise en scène, lut des extraits des « Rencontres avec Bram Van Velde » de Charles JULIET, ce texte balisant l’action en cours. Sniéjana COLAS (photo) et Renaud MARTINEZ (video) étaient conviés à documenter en toute liberté la performance.

imPULSions #, sur un concept de Robert JOUBIN, avait le potentiel d’une série faisant se rencontrer des artistes de différents horizons dans une situation unique. Après le N°1 en 2011, le N° 2 a eu lieu en 2013.!

Voir le site de imPULSion #

impulsions#2 plan
impulsions#2 plan
Hélène Scoazec † durant impulsions #2
Hélène Scoazec † durant impulsions #2

Marin de Viry : une définition

Marin de Viry, 15 Juillet 2011, Le Monde.

(…) Ensuite, le hasard. Nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise, car un athlète peut surgir et fabriquer de la culture, c’est-à-dire une forme persistante dans un maximum d’esprits. Il lui faudra se placer à l’intersection d’une croix avec une feuille de route assez simple : sur l’axe vertical, embrasser le passé et l’avenir les plus lointains possibles. Sur l’axe horizontal, toucher le maximum de contemporains. Les grandes croix rentrent dans le trésor de la tradition, lequel est patrimoine national et n’a pas d’étiquette sociale. Molière, merci de vous manifester.

 

.:* Happy New Year 2011 *:.

happy new year 11
Happy new year 11 en 3d

Il est devenu assez compliqué de visualiser ces « applets » java via un navigateur. Aucun piège dans les applets de ce site, mais ce format de fichier est devenu au fil des années synonyme de risque informatique. Restauration à faire

Women In Art de Ph. Scott-Johnston

500 Years of Female Portraits in Western Art from Philip Scott Johnson on Vimeo.

(Réaction au message suivant posté sur une liste de diffusion)

«De : Artistik Diffusion
Date : 17 juillet 2010 13:52:28 HAEC
À : undisclosed recipients: ;
Objet : Cette vidéo un vrai chef d’oeuvre d’art !
»
Raccourci vers : http://www.artgallery.lu/digitalart/women_in_art.html
«Cette vidéo est un vrai chef d’oeuvre d’art digital sur les plans de la maîtrise technique et de la créativité artistique. Philip a créé 15 autres vidéos intéressantes, accessibles sur YouTube, moyennant le logiciel de « morphing » d’images FantaMorph d’Abrosoft. Les oeuvres d’art utilisées pour la création du film « Women in Art » ont été répertoriées par Boni, instructrice professionnelle au « Fayetteville Technical Community College » sur son site http://www.maysstuff.com/womenid.htm dédié aux novices de l’Internet.»

Loin de moi l’idée de donner d’académiques coups de règles sur les doigts de l’enthousiasme et de la sensibilité, mais, mais, non, cette video n’est pas un vrai chef-d’oeuvre, du moins pas celui qu’on croit, ni d’art, pas du tout, c’est un travail de communication très séduisant, (de médiatisation comme on dit main’nant) qui me séduit beaucoup moi-même, j’adore, c’est beau comme un camion, (une galerie parisienne l’aimait aussi, qui le présentait durant l’hiver 08-09 près du Musée Picasso) mais ce n’est pas de l’art, parce que s’il suffit de collectionner les images de chef-d’oeuvres incontestés peints par Botticelli et tous les autres, en images Panini en vente dans tous les bureaux de tabac,  et de les lier avec un logiciel pour faire oeuvre, alors c’est à la portée de n’importe quel communiquant ou adolescent collectionnant les autocollants de ce qui l’intéresse sur le moment (foot, people, etc), achetant ce logiciel, qui est à vendre, tiens! Par hasard, et non en open-source, comme il pourrait l’être aussi, par exemple.
Il s’agit d’un programme épatant, capable de mettre en chiffre les beaux visages peints, et en manipulant ces données, de les faire fondre les unes dans les autres. C’est un logiciel. La personne qui a écrit ce logiciel capable de résorber un visage dans l’autre, qui a analysé les potentialités, calculé que ça marcherait pour Vinci comme pour la Star’ac’, mérite notre admiration, je deviendrais bien son apprenti, parce que c’est du beau boulot de programmeur et un point de vue peut-être nouveau. C’est un outil d' »aide au regard« , qui focalise l’attention sur la beauté, qui nous évite de la chercher, qui nous la présente de manière très lisible, qui nous en facilite/dirige la lecture, qui suscite par là une émotion, renforcée par l’utilisation d’une musique émouvante et très nostalgique/rassurante, et surtout nous évite de nous perdre dans les sollicitation visuelles nombreuses d’un tableau entier. De devoir faire le tri. De prendre du temps. C’est un focus. Un « prêt-à-consommer » rapidement, qui va direct à son essentiel, et nous économise le travail de regard. Un Looker’s Digest.

Un utilisateur moins amoureux de l’histoire de l’art, qui se servirait de ce logiciel, avec, ou même sans sensibilité, pour faire des fondus entres des images de maisons Lemoux-Bernard (un pavillonneur local, ndlr) par exemple, serait un utilisateur de fonctions programmées, ne ferait que verser de la matière informe (Pardonnez-moi, Maîtres!), dans l’algorithme qui lui calcule un effet de passage entre deux images numériques, un peu comme le générique de Thalassa, révolutionnaire voici un demi siècle.
C’est une réincarnation de ce que les photographes-photographes appelaient autrefois «le fondu-enchaîné», du temps des projections de diapositives ambitieusement culturelles et artistiques, effet qui a encore de nombreux succès devant lui, dirait-on. Dans ces cas-là on ne parle que d’effets.
C’est comme qui dirait qu’on peut faire la même chose entre les chiens qui courent pour Canigou et ceux qui cavalent pour RonRon. C’est comme occuper un appartement en croyant que parce qu’on le voit on en est sûrement l’architecte.

La publicité fait un usage massif de ces effets. Elle en a besoin, plus que d’autres, parce que de message culturel, il n’y en a pas; donc il faut beaucoup de transitions fondues et dynamiques, de mouvements, pour que ses injonctions ressemblent à la vraie vie et puissent convaincre l’animal en nous (notre vision instinctive, animale) que c’est comme du réel puisque ça bouge… donc ça vit, donc c’est réel. Grammaire sommaire mais fondement de l’irrésistible succès du cinéma.
Si chef-d’oeuvre il y a, c’est dans la partie invisible du programme, si ingénieusement calculé pour, encore une fois, transformer en chiffres les touches de peinture, pour pouvoir les faire muter, de la lumière d’un tableau à l’autre, de la couleur d’un tableau à l’autre, du positionnement dans l’espace d’un point d’un tableau à l’autre, avec comme constantes, comme « fourchette » pour ces variations de comportement des formes et des surfaces, les rapports, l’identité, la moyenne peut-être, le dénominateur commun qu’il y a entre deux visages humains différents. Ce type aime la peinture, certainement, et je ne mégoterais pas sur sa sensibilité. C’est son regard qu’il nous montre, et son regard est aimant, et surtout la possibilité d’un changement sans rupture. L’inverse complet de ce que les cinéastes appellent le montage « cut » (de l’anglais couper, quand on colle ensemble des bouts de pellicules qui ne viennent pas de la même prise, du même jour, etc) où l’on passe brutalement du jour à la nuit ou du passé au présent, figure du drame. Sauf que je suis pas bien certain qu’un dispositif programmé pour fusionner les choses les unes dans les autres soit vraiment un propos artistique, ça me fait penser aux gens qui à table veulent de la sauce ou un coup de rouge pour « faire glisser« .

Mais admirons qu’il s’agit donc d’un algorythme, un semble de calculs attachés les uns aux autres, qui deviennent une fonction, capable de transformer n’importe quoi en n’importe quoi d’autre. Je suis sûr qu’il arriverait à nous transformer aussi en animaux, s’il le voulait, ou si on mettait des photos de chiens dans le programme, ou en cafetière électrique. Et si on mettait MA photo entre celles de Hitler, de Staline et de Pol Pot et de Landru ? Brrrrr! Après on me jetterai des pierres dans la rue. Tous des salauds. Bon. Heureusement ce n’est pas son genre. Il le fait aussi avec des actrices, ci-dessous, des statues, etc. Vision très aimante et très rassurante, de générique. Evolution souple entre des états différents d’existence (des personnes différentes), tout est feutré, les unes apparaissent, les autres disparaissent, toutes au faîte de leur beauté, aucune dont on se soucie ce qu’elle devient une fois sortie du focus. Délicieux pour mes fantasmes de harem. Après il le fait avec des héroïnes de séries TV. Toutes, il les a, le gars…

Faces of Fashion from Philip Scott Johnson on Vimeo.

Il s’agit donc avant tout, et dans ce sens il est bien contemporain, ce programme, d’une tentative très actuelle de recadrer l’existant fait par d’autres, pour le contrôler, ou pour s’en prétendre l’auteur, au moins le découvreur. Travail d’encadreur et travail de cadre se ressemblent décidément autant que fasciner et fasciser. Encadrer ou recadrer (voire restructurer) le réel pour s’en accaparer les bénéfices et les mérites, c’est l’occupation principale de tous ceux qui ne sont pas de ridicules idéalistes incapables de se détacher du bien commun (c’est une formulation sarcastique, je m’inclus bien entendu dans ce lot) occupés à essayer de créer quelque chose (responsabilité beaucoup plus ingrate et fatigante).

Ils sont nombreux, et il ont le vent en poupe, et ils ne s’embarrassent pas trop de contenus, du moment qu’ils contrôlent les tuyaux par lesquels passent ces contenus. Qu’ils soient capables de nous procurer des émotions ne prouve pas leur vertu : les escrocs sont paraît-il de grands séducteurs. L’époque est aux présentateurs.

Est-ce qu’il y a des psychologue et des psychiatres sur cette liste pour nous éclairer sur le succès éternel des opération de « fondu l’un dans l’autre » d’une image l’autre, d’une réalité l’autre, et les enjeux ?

***

Enfin : pourquoi écrire autant de lignes sur un truc qui fait l’unanimité, qui plaît à tout le monde, même à moi, quel emmerdeur quand même ! Jaloux ! Eh bien parce qu’il me semble y avoir un malentendu dans le message, et que ce produit, aussi beau soit-il, comme de nombreux produits, c’est le progrès des produits, tient autant de la réclame que de l’art. Il a de la première la facilité, la beauté, l’accompagnement, la fascination et le contrôle de la perception du regardeur, et que je ne perçois pas trop d’autre « message » qu’une admiration, que je partage par ailleurs, pour ces grandes oeuvres. Mais justement, l’art ne consiste pas à seulement admirer. Cela, c’est le travail des amateurs d’art, et je les souhaite aussi nombreux que possible. Qu’ils relisent les chroniques de Daniel Arasse, qui apprennent à regarder l’art ancien, et qui sont très faciles à lire.
Ce qui me dérange, c’est que la forme qui s’impose à regarder ce film,  je crois que c’est la transformation de l’art pictural en spectacle vidéographique, c’est cela qui me gêne, car les deux n’ont pas du tout le même objectif. Le pictural en vidéographique et l’art en spectacle fascinant (On remarque que fascinant et fascisant ne sont séparés que par une lettre; comme ils auraient de la facilité à se glisser eux aussi l’un dans l’autre, dans ce film!). Ce serait alors un produit au service de la culture (ce n’est pas si mal, je m’en servirais éventuellement pour intéresser des débutant complets), du passé, de l’admiration et de la dévotion qu’on peut entretenir vis-à-vis des oeuvres du passé; et non, définitivement non, une oeuvre d’art. En tant que personne tentant d’en produire une, d’oeuvre, quoi que vous en pensiez, je vois dans ce film la conquête des territoires de la culture par l’industrie des programmes et des objets, qui emploie des bacs++ en marketing pour nous convaincre que l’objet, l’outil, c’est l’oeuvre. Exemple : Sony « Go Create », ou « achetez un camescope et vous deviendrez automatiquement un artiste » (putatif, mais ce n’est pas souligné). Caricature: « Achetez un pinceau Raphaël, et vous deviendrez un Van Gogh« .
Achetez le programme d’assemblage d’images cité tout en haut, et vous aurez les moyens d’en faire autant avec n’importe quelle image. Sans même la comprendre, ni vraiment la regarder, puisque justement, elle changera TROP VITE et sera remplacée par une nouvelle, comme dans une télévision; la peinture dans son effort de REPRÉSENTATION DURABLE, dans sa lenteur naturelle, dans son éventuelle ambition de DURER, étant passée à la même moulinette que l’image de pub et d' »infotainement » (le terme est de l’écrivain Maurice Dantec) destinés à nous divertir un brin quelques secondes, pas plus.
C’est de manière confuse, je l’accorde, un propos qui recoupe de manière inquiétante celui du cinema comme décadence de la littérature, de l’image comme décadence de la Peinture, du produit culturel comme décadence de l’oeuvre, de la consommation culturelle comme décadence de la pensée, et des vieux cons comme décadence d’un jeune monde souple, animal, pressé de vivre et réactif. Ben c’est comme ça. Pourvu que tout aille toujours vite, soit toujours facile à consommer, sans effort, car il faut tout de même bien remplir les vides, donner l’air d’avoir des intentions, donner l’impression que la culture est encore un enjeu, une richesse commune, entre deux publicités auxquelles se réduit peut-être, désormais, le monde.

Il sortira certainement aussi des choses intéressantes de ce nouveau monde, mais je ne pense pas que ce diaporama en fasse partie. Une image de. Un simulacre. Saint Guy, priez pour nous.

Ils sont où, les yeux ?

vente Gulvain
vente Gulvain

On nous le dit que c’est la crise. Pour eux ça fait 20 ans qu’elle dure. Alors à force de bosser et d’accumuler, Annick Lécuyer et Antoine Le Bihan, ci-devant artistes, font une braderie de leurs travaux. Pour gagner un peu de place. Pour gagner un peu de sous (pas beaucoup, ils ne vendent pas cher).

Ils ont la quarantaine bien dépassée, et poussent comme d’autres leur oeuvre en avant jour après jour . Ils sont dans le paysage. Ils ouvrent les portes de leur atelier tous les ans au cours de l’opération Portes Ouvertes. Ils font des expositions « en région ». Ce ne sont donc pas de parfaits inconnus du Paysage Artistique Finistérien, ni du Parc Naturel Territorial.

Ils sont où les gens qui ont plein la bouche toute l’année de “soutien à la création et aux artistes” ? Et ils sont où les amoureux du Patrimoine ? Ils sont où les chantres de la CulCure ? Ils sont où les défenseurs de la Breutagne et de l’art breuton ? Ils sont où les collectionneurs exigeants de l’Art de leur Temps ? Ils sont où ceux qui ont mission de rassembler des collections représentatives de la création actuelle ? Ils sont où les représentants de nos petites villes d’Art et d’Histoire, pétris de culture, foyers d’humanisme et d’hospitalité ? Ils sont où les représentants de la fière région à « forte identité » qui relève le menton ? (« Tu veux ma photo, toi ? « ) Et elle se fait où, cette forte identité? Dans les boîtes de Comme et les cabinets des experts ?

Et même, en tenant compte des réalités, puisqu’il le faut bien, puisqu’on nous le dit, soyez raisonnables, demandez plutôt rien, ça ira ; ils sont où les stratèges de l’industrie du tourisme et de la communication ? Il est où, Breutons magazine ? Elle est où, Cotée Oueste ?

Qu’est-ce qu’ils peuvent bien vouloir, pour négliger ainsi ce qui est (encore) vivant, les dévôts et les clercs de la chose culturelle ? De la culture hydroponique ? Savent pas quoi faire avec la vraie que ça pousse dans la terre ? Veulent seulement des artisses morts ? D’un autre côté, c’est peut-être eux qui ont raison, c’est tellement plus simple à adMinistrer. Un bon indien est un indien mort.

Car enfin, en voilà tout de même deux, de personnes, qui pourraient bien leur servir à quelque chose, à tout ce beau monde s’il avait pas de la colle dans les yeux. Annick Lécuyer a un travail de dessin et peinture abstrait et coloré et des recherches en design (ils sont où, les anthropologues du rythme et de la couleur , les enthousiastes des mutations culturelles, les revivifieurs de l’art populaire, les industriels d’aujourd’hui ? Ils sont où, les spécialistes de l’espace et de l’urbanisme ?), et Antoine Le Bihan, qui s’est salarié une misère dans la petite entreprise familiale, durant des années, oeuvrant à la pourtant Noble et Consensuelle Tâche de restaurateur patrimonial (vitraux du XVIe ou du XVIIe, ‘scusez du peu !), a les mains plongées jusqu’aux coudes dans l’Histoire, le Patrimoine, la Tradition et les Vieux Cailloux jusqu’à la 7e génération. Il connaît donc, forcément, sur le bout des doigts, le mobilier artistique et religieux régional, qu’il cite et revisite souvent, ou qu’il remixe (je mets ça pour que les jeunes comprennent) en passant par des procédures contemporaines : un peu Wharol en Breizie, pour faire image communication.

Ils sont où les nouveaux observateurs du terreau culturel régional, local, territorial, municipal et tous les trucs qui finissent comme facteur cheval ? Ils sont où les zélotes des white cubes et de la modernité sans concession? Ils sont où les amoureux du patrimoine et de tout pourvu que c’est mort et que ça la ramène plus ? Ils sont où les désintéressés qui veulent aider les « porteurs de projets » ?

Faire une oeuvre, c’est pas un projet ? Alors on les aide comment, qu’ils en sont à brader depuis 20 ans de boulot ?

Ils sont où, les yeux ? Elle est où, la culture, qu’on arrête pas de nous en parler ?