Amar Kanwar

Amar Kanwar
Amar Kanwar

Amar Kanwar est un artiste indien exposé au Frac Pays de Loire cet été (à Carquefou; par ailleurs Galerie Marian Goodman). Il dénonce la dictature birmane par des faits plutôt quotidiens et humbles, dans un langage patient, qui n’évacue pas sa sensibilité de témoin, d’humain, d’auteur, d’artiste, et la lenteur nécessaire de la vie réelle.
Il utilise la video ou le livre, ou l’un ou l’autre, avec la même logique. Un exemple de l’art faisant ce que l’infotainment ne fait pas – et ne peut sans doute pas faire. Belle leçon de sobriété.

Amar Kanwar
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Olympia de Edouard Manet , 1863, Édouard Manet Wikimedia Commons
Olympia de Edouard Manet , 1863, [Public domain] via Wikimedia Commons
“La peinture de nus provoque encore dans la fraction la moins cultivée du public des réactions scandalisées du type de celles que Manet avait recueillies. Et, au même titre que la peinture d’objets insignifiants, la photographie d’un tas de galets suscite la même indignation: “Ils ont de la pellicule à dépenser, du temps à perdre…” C’est pourquoi le populisme (…) peut se faire plébisciter immédiatement. Si vous dites: “Comment peut-on gaspiller l’argent de l’Etat pour photographier des galets?”, vous êtes sûr d’avoir le peuple avec vous, ce qui ne veut pas dire que vous ayez raison, ni esthétiquement ni politiquement.”

Pierre Bourdieu, "La révolution symbolique", p.73, Seuil, 2013

Quimper, enterrement du Quartier, silence de plomb


Vidéo cotequimper.fr
Le Maire et son conseil ont refusé jeudi soir de retarder la fermeture du centre d’art. Ce voeu était exprimé par l’opposition, suivi par des dissidents de son propre camp, soutenu par presque 6000 signataires de la pétition, et par les manifestants présents entrés dans la salle du conseil.

On n’a cette fois encore entendu aucun argument respectable pour décider la fermeture d’un centre d’art, si ce n’est l’argument financier, à la mode, vague, valable pour tout et n’importe quoi, et qui n’a rien de spécifique. Une baisse équitablement répartie aurait embêté tout le monde, mais n’aurait pu couvrir de liquidations politiques.

A défaut, quelques laborieux de la majorité ont “noyé le poisson”, psalmodiant des chiffres et des listes d’établissements culturels à disposition (comme si c’était un problème de quantité…) qui démontrent l’approche « meta » de gens qui administrent les autres sans connaissance ni intérêt du terrain qu’ils décrivent ou du matériau qu’ils traitent. Justifications insuffisantes et qui répondent à côté, délibérément. Cette condescendance des intervenants* est résumée par le Maire: “La fête est finie.”*

Comme si fête il y avait eu… Fausse justification tirée de “La cigale et la fourmi”, à destination d’un parterre sans doute attardé, qualifié il y a quelques mois par l’adjoint à la culture de “soixante-huitards égocentrés”. Culture = hippies : c’est la conception qu’ils en ont.

Cette déprimante histoire aura démontré que dans notre gros bourg, on peut fermer un lieu de culture sans justifier le choix de fermer un lieu de culture. Et jeter au passage neuf petits salaires à la rue, “vae victis”, sans qu’une véritable raison leur soit donnée, pas plus qu’à quiconque, sans que le non-dit ne soit levé.
Dans ce domaine d’autres ont fait plus fort: brûler directement des bibliothèques.

* Éternel folklore de la droite : sûrs d’incarner le redressement vertueux d’un monde livré à la décadence, ces méritants n’ont pas peur d’imposer leur ordre avec justifications comptables – en tout arbitraire, sans raison.